05.06.2020

Kawasaki-like multisystem inflammatory syndrome in children during the covid-19 pandemic in Paris, France: prospective observational study

Epidémiologie InfectiologiePédiatrieAnesthésie-Réanimation
Toubiana J et al
BMJ

Résultats principaux

Inclusion de 21 enfants et adolescents hospitalisés avec des critères de maladie de Kawasaki. Leur âge médian est de 7,9 ans (de 3 ans à 16 ans), 12 (57%) sont des filles et 12 (57%) ont au moins un parent originaire d'Afrique sub-Saharienne ou des Caraïbes.

Association temporelle avec une potentielle infection par le SARS-CoV-2 :
9/21 reportent une histoire récente de symptômes d'infection virale et 10/21 une histoire récente de contact avec un proche symptomatique. Les délai médian entre ces symptômes ou ce contact et les premiers symptômes type Kawasaki est de 45 jours (de 18 à 79 jours) et de 36 jours (de 18 à 45 jours) respectivement.

Tests :
19/21 patients (90%) ont au moins un test positif pour le SARS-CoV-2 (RT-PCR positive : 8/21, sérologie positive : 19/21).
Deux patients sont négatifs pour ces deux tests.
D'autres infections virales ont été recherchées : seul un patient est positif pour une infection récente à EBV.

Clinique :
11/21 des patients présentent des arguments pour une forme complète de maladie de Kawasaki. Les symptômes les plus fréquents parmi les principaux critères en faveur sont : des éruptions cutanées polymorphiques (76%), une atteinte des lèvres et de la muqueuse buccale (76%) et une conjonctivite bilatérale (81%). Tous les patients présentent des symptômes gastrointestinaux se déclarant tôt dans l'évolution (douleur abdominale, vomissements et diarrhée) avec un épanchement péritonéal chez 4 sujets dont 2 avec abdomen chirurgical aigu. Un épanchement péricardique est retrouvé chez 10/21 patients, un épanchement pleural chez 3/21, une myocardite chez 16/21 (76%) avec une FEVG entre 10% et 57%.

Imagerie et biologie :
18/21 ont eu une imagerie thoracique (radio simple, scanner) avec des signes évocateurs de COVID-19 chez 8 (44%) d'entre eux.
A l'échocardiographie : dilatations coronaires chez 5/21 et aspect "brillant" et hyperéchogène chez 3/21. Absence de dilatation anévrismale constatée.
Tous les patients présentent une élévation des marqueurs inflammatoires biologiques : hyperleucocytose à PNN, élévation de la CRP, de la PCT ou de l'IL-6. Une lymphopénie est objectivée chez 17/21 patients avec anémie fréquente. 95% (n=20) présentent une association hyponatrémie/hypoalbuminémie et 52% (n=11) une insuffisance rénale transitoire. Les anomalies du bilan hépatique sont également fréquentes tout comme l'élévation des D-Dimères (95%), de la troponine ultrasensible (81%) et des BNP (78%).

Traitement :
Traitement systématique par au moins une dose d'immunoglobulines IV (2 doses chez 5 patients résistants) et de l'aspirine à faible dose. 7 ont reçu des corticostéroïdes.
17/21 ont été admis en soins intensifs pour instabilité hémodynamique et 12 ont présenté un syndrome de choc associé au Kawasaki. La durée médiane d'hospitalisation en soins intensifs est de 5 jours (de 3 à 15 jours).
En fin de suivi aucun décès n'est à déplorer et tous les patients sont rentrés à domicile.

Que retenir ?

Le lien de causalité entre infection par le SARS-CoV-2 et l'émergence d'un syndrome type maladie de Kawasaki chez les enfants ne peut être prouvé par cette étude mais on peut noter que l'association temporelle entre ces deux atteintes est cohérente.
Par ailleurs, dans cette série de cas de syndrome type Kawasaki, les symptômes digestifs sont systématiques ce qui n'est habituellement pas le cas. De la même manière, l'instabilité hémodynamique et la myocardite sont plus importantes.
Enfin, il est à noter qu'une grande partie des enfants ont un parent d'origine Africaine ou des Caraïbes ce qui pose la question du lien avec la susceptibilité de contracter la COVID-19.

Niveau de preuve Faible

- faible effectif
- biais de rappel probable vis-à-vis de symptômes viraux récents ou d'un contact avec un sujet symptomatique
- suivi trop court pour diagnostiquer l'ensemble des complications coronaires qui peuvent apparaître à distance
- biais de sélection : l'hôpital Necker est un centre de référence et concentre les cas
- pas de test du SARS-CoV-2 systématique des proches
- risque de faux positifs de la sérologie lié à une réactivité croisée

Objectifs

Décrire les caractéristiques démographiques et cliniques d'enfants affectés par un syndrome inflammatoire multisystémique proche de la maladie de Kawasaki et évaluer son association temporelle avec une potentielle infection par le SARS-CoV-2.

Méthodes

Etude de cohorte monocentrique prospective à visée descriptive.

Population :

  • patients de 18 ans ou moins
  • hospitalisés entre le 27/04/2020 et le 11/05/2020 dans un centre de référence régional des maladies infectieuses émergentes de l'enfant en France (hôpital Necker à Paris)
  • remplissant les critères pour une maladie de Kawasaki.

Suivi réalisé jusqu'au 15/05/2020.

Diagnostic :

  • de maladie de Kawasaki :
    • selon les critères de l'American Heart Association pour la présence d'une forme complète ou incomplète de Kawasaki
    • critères proposés par Kanegaye et al. pour le syndrome de choc associé à la maladie de Kawasaki
  • d'infection par le SARS-CoV-2:
    • test par RT-PCR sur au moins 2 écouvillons naso-pharyngés recueillis dans les 3 jours suivant l'admission pour écarter une infection nosocomiale
    • test sérologique à la recherche d'IgG anti-SARS-CoV-2
  • de dilatation des artères coronaires : cote Z de diamètre des artères coronaires comprise entre 2.0 et 2.5
  • anévrisme coronaire : cote Z de diamètre des artères coronaires supérieure ou égale à 2.5
  • résistance au traitement par immunoglobulines IV : persistance ou recrudescence de la fièvre dans la période comprise entre 36h et 7 jours après la fin de la première injection.

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