Le système rénine-angiotensine-aldostérone (SRAA) contribue à réguler à l'état physiologique la pression artérielle, la réabsorption sodique, l'inflammation et la fibrose. Un déséquilibre de ce système peut donc induire de nombreuses défaillances.
L'angiotensine II (Ang II) est un puissant vasoconstricteur synthétisé à partir de l'angiotensine I par l'ACE. Elle active deux récepteurs : le récepteur à l'Ang II de type 1 (AT1) et le récepteur à l'Ang II de type 2 (AT2). L'activation de l'AT1 médie la vasoconstriction, l'inflammation (notamment cytokinique avec une augmentation de perméabilité membranaire) avec comme conséquences des lésions aigues et des SDRA au niveau pulmonaire, de l'athérogénèse ainsi que de l'insulinorésistance et des mécanismes de thrombose. L'activation de l'AT2 (dont l'expression est faible à l'état physiologique) quant à elle entraîne une vasodilatation, une baisse de l'aggrégation plaquettaire et une augmentation de l'action de l'insuline. L'ACE2 (qu'on trouve notamment au niveau des cellules épithéliales pulmonaires) convertit l'Ang II en Angiontensine(1-7) (Ang-[1-7]) qui agit de manière protectrice sur les poumons, on peut voir cet effet également grâce à l'activation de l' AT2. L'activation de l'ACE2 inhibe la voie de l'Ang II/AT1. Ainsi on peut schématiser le RAAS en deux voies opposées qui s'autorégulent : Ang II/AT1 récepteur et ACE2/Ang-(1-7). Un niveau haut d'ACE2 est retrouvé dans certains cas pathologiques, par un mécanisme compensateur d'autorégulation, notamment dans les maladies cardio-vasculaires.
Les IEC inhibent la formation d'Ang II alors les ARA2 augmentent le taux d'Ang II, mais son excès entraîne une redirection de son action dans la voie de l'ACE2. Il est suggéré que les ARA2 auraient une efficacité supérieure aux IEC pour favoriser la voie de l'ACE2. Les IEC et ARA2 permettraient ainsi de moduler la réponse inadaptée du SRAA lors de divers états pathologiques et inhiberaient les effets pro inflammatoires entre autres de l'AT1.
Par exemple, le traitement par ARA2 a été étudié dans le cadre de la BPCO améliorant cliniquement les patients en diminuant l'inflammation, la perméabilité vasculaire et les lésions pulmonaires, et le bénéfice des ARA2 mais aussi des IEC a été étudié également dans des cas de SDRA.
Dans le cas d'infections virales, il a été montré qu'une protéine d'enveloppe S1 des SARS-Coronavirus, en se fixant à l'ACE2 pour infecter la cellule hôte, inhibe son activité et donc augmente celle de l'Ang II, impliquée dans l'inflammation et les lésions pulmonaires. On a remarqué que dans les infections à COVID-19, le sexe masculin était associé à une augmentation de la sévérité de la maladie, ce qui pourrait s'expliquer par le biais des récepteurs AT2 (voie protectrice) qui sont plus nombreux chez la femme, et par le fait que le gène de l'ACE2 se situe sur le chromosome X. De plus, dans les pathologies cardiovasculaires qui sont associées à un plus mauvais pronostic chez les patients atteints de COVID-19, on retrouve une sur-activation de la voie Ang I/AT1 et une diminution de l'ACE2.
Ainsi, des études pourraient montrer un bénéfice des bloqueurs de SRAA chez les patients atteints de COVID-19, avec un effet probablement anti-inflammatoire et protecteur des poumons, mais également en inhibant la capacité du virus à infecter les cellules hôtes.
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